Pour Pétrus et son CD de John Greaves : Verlaine 1
D'abord merci pour ce beau partage, un choix courageux parmi la musique up to day. J'en ai profité pour revoir l'œuvre et la vie du poète, ce qui a pris un peu de temps.
Un peu déconcerté d'abord par l'accent british sur du Verlaine, "charme" qui ne facilite pas forcément la compréhension du texte. Ensuite la voix rauque et monocorde, parfois imprécise et qui peut surprendre.
Mais l'habitude d'un académisme strict risque de faire oublier que ces vers remontent à 120 ans et que l'écriture trahit parfois son êge, aussi bien dans le choix des mots que dans les thèmes abordés. Greaves a le mérite de rendre les mots accessibles par une mise en son moderne et un choix judicieux des poèmes révélant plusieurs aspects de l'art de Verlaine. Personnellement et en bref, c'est comme un plat exotique goûté la première fois, on apprécie davantage quand on y revient

Quelques titres :
- 02 - Séguidille et
01 - Chanson pour elles : de la douceur dans la musique, une voix sensuelle pour des poèmes sensuels, presque érotiques. (Noter que Chansons pour elles est le titre du recueil et que le poème s'appelle Je suis plus pauvre que jamais)
05 - Colloque sentimental : un impossible dialogue entre deux êtres presque privés de vie, magistralement rendu par la voix déséspérée et le fond sonore nostalgique.
06 - La lune blanche : On ferme les yeux et on s'imagine, couché dans l'herbe la nuit, à contempler la lune. Rêverie et douceur exquises, sans penser à rien.
08 - Beams : rythme et voix évoquent un moment heureux et joyeux : une traversée en mer entre Douvres et Ostende avec son "ami" Rimbaud et une belle inconnue.
09 - Le piano que baise une main frêle : d'abord un monologue comme une confidence plaintive, puis une reprise qui prend de l'ampleur avec le soutien d'une voix féminine. C'est une rêverie qui conduit la main frêle effleurant le piano vers Elle, partant du boudoir et disparaissant vers le jardin. Convaincant comme du Basdhung.
10 - Silence,silence... : une voix sombre passant de l'aigu au grave. Presque un cri de révolte sur fond musical lancinant et inquiétant : c'est le cri du cœur d'un homme au bord de l'abysse, anéanti par le destin tragique d'une vie ratée.
Silence, silence !.......... (noter que le titre exact est : Un grand sommeil noir)
07 - Chanson d'automne : le poème le plus connu. Magnifique accompagnement de piano dont les arpèges évoquent l'eau qui coule comme des larmes de mélancolie. Même si je préfère la voix plus suave de Trénet pour ce morceau, je placerais l'interprétation de Greaves avant celle de Ferré.
À titre documentaire, mais Attention ! très hard... L'obscénité érotisme sans fard n'a jamais été abordé avec une versification aussi savante.

- - Hombres - recueil complet
- Hombres - textes et illustrations (accès adultes exclusivement !)
http://www.youtube.com/v/_IzqupqYOO0
Si le CD Verlaine 2 est aussi inspiré, ce sera un autre instant de plaisir. :lol: